Un confinement séculaire
L’année 2020 qui se referme derrière a pu nous offrir l’expérience du confinement physique. Cette situation, sur fond de climat anxiogène, a suscité un sentiment de perte de liberté et d’enfermement. Pour beaucoup, ce fut une prise de conscience douloureuse et désagréable.
Pourtant, il existe un enfermement ou un confinement plus pernicieux, souvent non conscientisé, que nous vivons pratiquement tous depuis des centaines d’années : nos propres murs, nos propres croyances et certitudes, nos présupposés sur les circonstances, sur les êtres voire sur la vie toute entière. Ce confinement psychique voire spirituel est bien plus néfaste que le premier : il semble quasiment inscrit dans nos gênes, en nous enfermant personnellement, tout en brisant toute forme de reliance de l’homme avec son environnement. Le siècle des Lumières est passé par là, puis l’ère moderne et matérialiste, nous donnant de nouveaux espoirs, comme autant de lumières… artificielles. Aujourd’hui, cela semble avoir atteint son paroxysme. Alors nous pointons volontiers des facteurs externes : les décisions, les injustices, les inégalités… Pourtant, nous sommes, en premier lieu, profondément déconnectés de nous-même, du spirituel qui nous habite, des émotions, des ressentis, des liens d’amour et de partage. Nous avons surinvesti l’Avoir, la possession, les titres, les apparences, les facteurs extérieurs au détriment de notre intériorité : notre Etre.
Et si nous décidions enfin de « mettre notre cerveau plus bas que le cœur », selon la formule de Thierry Janssen ? Que se passerait-il si nous tissions le plus souvent possible des liens de bienveillance (à défaut d’amour) avec soi-même, avec les autres, avec notre environnement ? Si ce n’est pas possible de le faire constamment, nous pourrions y tendre un peu plus, chaque jour.
En revanche, s’il y a rupture importante et continue de liens avec soi-même et avec la vie toute entière et sous toutes ses formes, il y a nécessairement lutte, douleur et parfois souffrance. Il s’agit donc d’un engagement de notre part et, comme le souligne Jacques Lecomte, psychologue et professeur d’Université, cela passe par la conscience, par la main (le geste, l’action) et par le cœur (l’ouverture à soi et l’ouverture à l’autre, aux autres, à la vie). La somme des trois, donne du sens à notre existence ; c’est d’ailleurs l’un des fondements du bonheur.
Voilà ce que nous vous souhaitons pour cette année 2021 : de sortir de ce confinement séculaire dans lequel nous nous sommes enfermés, de s’engager individuellement et collectivement sur un nouveau chemin -certains diront un nouveau paradigme – : celui de l’intelligence du cœur, de l’Amour, du renouveau et de l’Etre.
Laisse ton coeur avoir le dernier mot à partir d’aujourd’hui !
Jean Michel SCHLUPP