LA MORT ET LES ENFANTS.
Comme promis, et puisque Séverine me l’autorise dans son post précédent, je vous transfère notre échange de mails à propos des ressentis de son fils sur la mort qui pourra vous intéresser.

Cher Jean-Jacques Charbonier,
J’ai eu la chance et le plaisir de participer à une TCH à Lyon le 5 septembre dernier mais cela a encore besoin de mûrir un peu et j’espère pouvoir participer à une seconde TCH en 2021 pour approfondir et enrichir l’expérience. Ce n’est pas l’objet de ma correspondance aujourd’hui mais vous verrez plus loin qu’il y a un rapport.

Je me suis procuré votre magnifique ouvrage « La mort expliquée aux enfants mais aussi aux adultes » illustré par le talentueux Benoît Flamec pour mon fils Lenny de presque 8 ans. Il est né le 10.11.12 sorti in extremis à grand renfort de forceps alors qu’il était en détresse respiratoire coincé dans mon bassin avec un cordon ombilical doublement entouré autour de son cou (vous me pardonnerez d’avoir oublié le terme médical exact). Il a m’a été posé furtivement sur le ventre en position assise me semble-t-il et j’ai juste eu le temps de voir sa tête violacée (toujours avec son double collier) tourner à droite puis à gauche avec l’air sidéré et semblant se demander où il se trouvait avant qu’il ne me soit repris pour les soins nécessaires à son état. J’ai pu faire réellement connaissance avec lui au réveil d’une anesthésie générale que j’avais reçue suite à l’accouchement.

Inutile de vous dire que depuis sa naissance, il n’a jamais supporté quelque chose qui lui serrait le cou. Et depuis le plus jeune âge, il a très peur de la mort, la sienne et bien sûr celle de ses proches. Un peu avant l’âge de 4 ans, ayant compris qu’il était mortel suite au décès de ma grand-mère, il pleurait en disant qu’il ne voulait pas mourir.
A la cérémonie d’adieu, il pleurait à chaudes larmes. Il est toujours resté très sensible à l’évocation de la mort. Par exemple, quelques jours avant de commencer à lire votre livre, nous avons écouté la poignante chanson de Daniel Guichard, « Mon vieux ». A la fin de la chanson, saisi par l’émotion, il a éclaté en sanglots. Cela lui rappelait évidemment que son propre papa était mortel.

Vous vous demandez sûrement où je veux en venir. Vous allez comprendre juste après ceci. Nous avons donc à présent l’habitude de lire ensemble votre ouvrage le soir avant qu’il aille se coucher. C’est un moment privilégié entre nous deux propice au calme et à la réflexion, laquelle a l’avantage de perdurer ainsi pendant sa phase d’endormissement.

Dès que nous avons commencé cette lecture, il était très intéressé par le sujet et a été immédiatement apaisé par rapport à la mort et je dirais même qu’il s’en est trouvé soulagé. Hier, nous avons abordé le fabuleux chapitre « Ce qui arrive quand on meurt », point d’orgue de sa curiosité par rapport à la chose. La page 82 a particulièrement retenu toute son attention et attisé sa curiosité créant un enthousiasme presque inquiétant pour l’adulte que je suis. Lorsque vous avez parlé du moment de la sortie du corps de l’esprit, il a très bien compris ce qui se passait et s’est écrié : « Je veux faire ça, je veux faire ça ! ». Je lui ai alors expliqué qu’il le ferait le moment venu comme tout un chacun mais qu’il avait d’abord sa vie à vivre, que c’était comme s’il voyait directement la fin du film sans avoir connaissance de tout ce qu’il se passait avant. Je souhaitais tempérer ses ardeurs car j’avais un peu peur qu’il trouve ça un peu TROP formidable si vous voyez ce que je veux dire !

Il m’a alors posé une question très pertinente : « Mais est-ce qu’on peut sortir de son corps sans être mort ? ». Je lui ai répondu que certaines personnes le pouvaient en effet mais que tout le monde n’y parvenait pas. Il m’a dit : « Je veux essayer, je veux le faire, je veux sortir de mon corps ! ». Je lui ai alors répondu bêtement que ce n’était que les adultes qui essayaient. Il m’a alors demandé : « Mais pourquoi pas les enfants ? ».

Et oui, Dr. Charbonier, en effet, pourquoi pas les enfants ? Vous voyez où je veux en venir maintenant ? Alors bien sûr, j’ai en tête vos propos sur ce sujet dans votre livre « Contacter les nos défunts par l’hypnose » (qui m’a d’ailleurs fait connaître la TCH et a fait que je m’y inscrive pendant la lecture de ce livre). Je ne peux donc éthiquement pas lui proposer de participer à la prochaine séance TCH avec moi (bien que ce serait objectivement intéressant d’avoir le ressenti d’un enfant).

Mais à votre avis que puis-je lui répondre ?
Que puis-je lui proposer ?
N’auriez-vous pas un MP3 en réserve destiné aux enfants un peu comme celui de la préparation TCH ?
Je me rends compte que je prends de votre temps précieux avec ce courrier un peu long et je vous prie de m’en excuser.
Et si vous êtes arrivé à me lire jusqu’ici, je vous en remercie infiniment.
Et même si vous ne me lisez plus, vous avez de toute façon toute ma gratitude. Je sais que mon intention la mènera jusqu’à vous.

Et si en outre je recevais une réponse de votre part pour aider mon fils (en plus du cadeau d’avoir rédigé ce livre si précieux pour lui et certainement pour beaucoup d’autres enfants), je ne saurais comment vous remercier. Vous faites déjà tant pour tellement de monde, je ne sais pas si vous pouvez prendre la mesure du bénéfice de votre action. Mais ce dont je suis sûre, c’est que l’univers vous le rendra à l’infini.
Bien universellement,

Séverine LOUIS.

Chère Séverine,
Il est fort possible que votre enfant ait vécu une EMI lors de sa naissance ; il est arrivé la même chose au romancier bien connu Didier van Cauweleart (qui a préfacé mon dernier livre). Ce talentueux écrivain, prix Goncourt est fasciné par la mort et tout ce qui touche aux EMI : sortie de corps, voyage dans l’au-delà etc… la plupart de ses ouvrages traitent plus ou moins de ces sujets. Or, ce talentueux artiste a connu la même chose que votre fils : une strangulation occasionnée par une procidence du cordon ombilical. Bien trop jeune pour mémoriser l’instant, il est aujourd’hui persuadé d’avoir vécu quelque chose de fort au moment de sa venue au monde.
Nous en avons longuement discuté. C’est probablement une EMI qui est à l’origine de toute son inspiration et son talent faisant de lui un être « éveillé » ou en tous cas facilement connecté à sa CIE ; c’est une chance, un atout. Votre enfant d’après ce que vous m’écrivez a ce même profil et il a en plus l’avantage d’avoir une maman suffisamment ouverte pour l’accompagner sans moquerie ni rejet ; deuxième chance pour lui.
Il faudra cependant le mettre en garde des dangers de certaines expériences que font les adolescents en quête de sensations fortes : jeux du foulard, prises de substances illicites etc..
La TCH quant à elle reste sans danger et nous acceptons les enfants de cet âge là à la condition expresse que les 2 parents soient présents et consentants et que l’enfant souhaite participer car il ne s’agit rien d’autre qu’une méditation dirigée.
Merci pour votre témoignage.
Bonne journée.
Jean-Jacques Charbonier

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